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A propos de Jours Ouvrés 

 

 

 

D’aucunes, d’aucuns auraient souhaité que nous donnions à cet ouvrage de portraits mutuels une tournure conceptuelle. Cédant à leurs instances nous pourrions tout au plus en dire la méthode, ce qui servirait notablement le concept la méthode se laissant deviner à ces prémices : un peintre, une femme modèle qui est aussi photographe. Non, qui devient photographe à mesure que le peintre la sollicite, car elle ne l’était pas au commencement. A priori sommaire - comme je les aime l’a posteriori se teintant de plus de délicatesse s’il y eut au commencement une lucidité reconnue temporelle où le fait d’Art ne résidait pas nécessairement, et que nous écarterons pour cette raison, disons seulement que le premier portrait de Katia suit de près notre rencontre, que nous nous connûmes (bibliquement aussi) au sortir (à peine) de l’adolescence.

Des photographies choisies au fil des années, un choix de portraits peints dans le même temps, le même lieu, une aventure spatio-temporelle ? Une relation sublimée du « toi » par disciplines interposées ? Une solitude d’artistes en rupture avec leur temps, et le temps éphéméride et la pensée unique ?

Jeux de miroirs pour les uns, inévitable mise en abîme pour les autres, les miroirs se faisant face… Nous y sommes, les ingrédients ordinaires du concept notoire font tambouille, la soupe est servie !

… Car si un concept n’est définissable que par un autre concept n’est-ce pas cette reconduction de conception qui simule à la lumière altérée du principe une lumière fausse altérée en de faux miroirs ? Ou bien alors il faudra dire le concept d’illusion et ce ne sera pas davantage notre affaire.

Point d’illusion… quoique l’illusionnisme s’y verrait aisément : le peintre se laissant photographier - mais il pose, avec ostentation même, mais parfois non!

Le modèle prend en photographie la scène que le peintre avait réduit à son désir de peintre pour en faire son objet photographique, il sort du cadre si j’ose dire, pour tenir un rôle suspect… modèle auteur de son ubiquité ? déjà spectateur de son double à venir mais nécessairement fort présent. Et lui, le peintre, devient modèle dans son propre ouvrage, comme par inadvertance, dans le temps décalé en se faisant photographier secondement, car il n’est plus le sujet prédominant ? Mais non, l’illusion cesse dès les premières considérations de la raison : il est bien entendu au commencement de l’ouvrage puisque tout se dresse autour du chevalet ! Lors qu’il s’essaie à la ressemblance d’une même, lui le peintre, dans le temps qui lui est propre… Et que le modèle photographe distancie ! Lequel, du peintre ou de la photographe aura le fin mot d’altérité en meilleure part ? Est-il question d’en finir (finir ou définir) toute conception arbitrairement tutélaire convoiterait une finalité.

« L’intelligence… répugne au fluent et solidifie tout ce qu’elle touche. Nous ne pensons pas le temps réel ; mais nous le vivons, parce que la vie déborde d’intelligence. » Henri. Bergson, L’évolution créatrice

Le portrait peint n’est plus qu’un essai, une tentative… non plus.

Une femme et un homme se reconnaissent : c’est déjà mieux mais quelle est leur coïncidence fortuite ? A quel niveau leur art la restitue-t-il au public ?

Dans le temps notionnel qui leur est imparti et que leur art définit : s’ils dramatisent l’appréhension pathétique de leur double, son infini sera-t-il visible encore ?

S’ils sont vus d’un public hypothétique rien n’est moins sûr, mais l’ont-ils fait exprès ?

 

A priori presque rien a posteriori une méthodologie irréductible à l’appropriation conceptuelle, et c’est dialectiquement bien ainsi. Allez ! La peinture n’a pas encore dit son en soi inaliénable, quand à la photographie tant elle irréalise notre inquiétude dans l’Ici qu’elle imite à merveille le réel dans une ontologie de l’apparence.

 

Daniel Juré, septembre 2008

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