A propos d'Exister
Vent mugissant du Nord-Ouest. De grands nuages blancs cavalent vers les terres en passant par-dessus le vallon. Le grand vent emporte le tintement grêle des onze heures du clocher de Reviers dans la tourmente. Ce vent-là rit et pleure mais au vrai ce sont les cris des jars contre la bourrasque qui s'en viennent avec. Dans la haie le troglodyte fait son petit cri de souris.
Le poêle ronfle : une autre toile de champenoises à l'égouttoir. C'est gai comme le chamboule-tout d'une fête de village. Une sensation qui se reconduit de la sorte : au chamboule-tout on gagnait une bouteille de mousseux. Bouteille magique dans la clameur d'un dimanche d'ivresse. Il fallait si peu de ce temps pour être soûl, les jupes des filles qui allaient au vent des balançoires sous l'oeil goguenard des forains, la chenille et le dragon qu'on chevauchait à califourchon dans les déplacements d'air et les cris profus.
Daniel Juré, extrait du journal d’atelier
Décembre 2012
Il y a la grande vie et la vie de tous les jours. Cependant j'aurais bien aimé faire coïncider les deux vies, les deux notions si je puis dire. - Il est plaisant de définir en la notion ce qui nous appartient en propre : la vie ou l'existence, le petit sang ou les grands coups de boutoir du coeur? Les rêves de chacun d'entre nous si la réalité les entame c'est qu'il ne fallait pas rêver de vivre.
Cela pour vous dire que nous survivons à nous-même lorsque nous existons : "Exister" pour titrer cette exposition dont les oeuvres sont celles d'un quotidien. Avez-vous remarqué combien l'exagération s'oppose à la réalité sensible? Et à l'inverse combien la nécessité fait loi auprès de la beauté, je ne parle pas des vingt-quatre heures d'énigme cosmique tranchées sur le billot de la servitude, de la familiarité ouvrée, mais de l'énigme du sens d'un crépuscule à l'autre.
Daniel Juré