Textes critiques (extraits)
« […] Katia Boyadjian, avec le grain des choses, matières et peaux, opère une irradiation qui les traverse et qui est d'autant plus spectaculaire qu'elle se fait non pas avec une matière qui, comme la peinture, est hétérogène au réel et aux matières qu'elle représente, mais avec la matière même du réel. […] »
Jean-Philippe Domecq
Préface de A l’ombre d’Amon
Editions l’Inventaire 2000
« Au-delà du pittoresque ou de la nostalgie les photographies de Katia Boyadjian font reculer la limite alléguant la vision ordinaire. Bien sûr les cadrages y sont subtils et exemplaire la mise en place d'un monde, ce sont là beautés de l'exactitude, séduction et moyen de la séduction de l'oeuvre à l’oeuvre. Mais est-ce bien là le tout photographique, sa finalité? Certes non, le poème photographique plus vastement déborde la rigueur et le méticuleux métier, et ce n'est pas non plus parler de cérébralité convenue où s'enracine l'image. On ne calcule pas, on ne mesure pas l'étendue du possible avec les moyens de l'usuelle cognition mais la vacuité dénombrable... »
Daniel Juré
De flux et de jusant 2000
« […] Dans des ateliers en pleine campagne et intemporels ils se cachent un peu du monde pour vivre l'intensité de leur jeu à facettes multiples où chacun d'eux tient son rôle puis l'inverse comme on le fait dans la passion amoureuse pour mieux l'entretenir des flammes de l'invention et du désir.
[…] Elle travaille les lumières souvent du jour, cadre avec une facilité exemplaire, compose les différents éléments dans l'espace... met littéralement en scène sa vie, sa création et son amour en rendant ainsi toute dimension autobiographique à l'acte de prise de vue qui me paraît, en photographie, l'étape la plus jubilatoire et la plus spécifique. »
Claude Nori
Jours ouvrés 1995
« S’appropriant une technique aujourd’hui oubliée et jadis utilisée par son père photographe-portraitiste de renom au Caire dans le courant des années 1940, Katia Boyadjian reprend à son compte un procédé de mise en couleur aux pigments sur tirage argentique noir et blanc. Ainsi elle s’investit dans un patient travail de couleurs qui donne à ses images un aspect de « temps suspendu ». En intervenant avec des techniques originales, Katia Boyadjian transfigure de nos jours le paysage avec ses épreuves rehaussées de couleurs surannées et irréelles, mais qui contiennent paradoxalement une résonance avec le site, ou le souvenir que l’on s’en fait.
Son travail photographique dans son ensemble est une sorte d’autobiographie, de journal d’atelier, concis et d’une grande sensibilité. »
Farid Abdelouahab
La Normandie des photographes Tome 2
Editions des Falaises 2008